BARÁTSÁG (partie 1)

BARÁTSÁG (partie 2 et fin)

Texte de Christian Beasley | 2021 | 0 commentaire

D'où mon désir de redessiner cette légendaire main levée symbolisant ce salut d'amitié, et de la reproduire sur la médaille-souvenir. Dans un souci de sobriété, cette médaille ne devait pas comporter de titre ni aucune mention de lieu ni de date. En revanche, comme cela se faisait beaucoup sur d'autres médailles, était suspendu par deux anneaux le millésime 1973, lui-même percé, en haut et en bas, de deux petits trous afin de lui en ajouter un à chaque nouveau et futur rassemblement BARÁTSÁG.

Il est à noter, que le motif de la paume de la main levée m'a été inspiré à partir du logo de l'ancienne marque de motocyclette britannique RUDGE.

En résumé, une médaille avec une main noire gantée (couleur asphalte), sur une forme ovale et grise (couleur aluminium) rappelant le principal métal constituant les moteurs ; une petite main levée pendant un bref instant en signe d'amitié universelle ; une petite main levée comme signe préventif pour « Touche pas à mon pote… motard ! » ; une petite main levée pour une nouvelle armée du salut.

La main, cette partie du corps humain, organe du toucher et de la préhension situé à l'extrémité du bras et muni de cinq doigts dont l'un est opposable aux autres. La main, premier outil fondamental chez l'espèce humaine, voire de certains animaux. La main, symbole universel et multiple de représentation depuis la nuit des temps, d'expressions orales et/ou écrites, de langages savants ou vernaculaires… Modeste hommage à la main dans tous ses états à travers BARÁTSÁG.

BARÁTSÁG, mais quel nom étrange et inhabituel pour un rassemblement motocycliste ? Et que peut-il bien vouloir dire ?
BARÁTSÁG : mot hongrois signifiant AMITIÉ(S) ; amical(ement), salut ; amicale(s) salutation(s) ou tout simplement « Bonjour ! ».

Pourquoi ai-je choisi ce mot ? Eh bien, ce choix m'a été inspiré par une amie, au demeurant très belle, dont le père était un immigré hongrois, issu de l'aristocratie, résistant et réfugié politique en France à cause de l'invasion de son pays par l'armée soviétique et de l'entrée des chars dans Budapest, en 1959.
Ne trouvant pas un intitulé original et spécifique à donner à mon projet — il y eut Ami-go, Les Déchaînés, Les Bouffeurs de bitume, … — (on ne se moque pas !), je commençais à désespérer et à me dire que ce serait peut-être le premier rassemblement libre motocycliste français sans nom, une espèce rare d'O.R.N.I.

Du même âge que moi ; autant artiste et rebelle que moi ; étudiante aux Beaux-arts de Paris, pas moi ; superbe modèle à l'anatomie académique, pas moi ; passagère dans certaines de mes chevauchées motorisées, mais surtout ma confidente, c'est en lui parlant de mon tracas sur le coin de l'oreiller, qu'elle s'exclama tout naturellement d'un BARÁTSÁG (prononcez Barat-ch-ag)... de plaisir ! ( ?)
Elle était bilingue et géniale.

J'ai alors répété plusieurs fois à haute voix ce nom assez étrange, ce cri du cœur magyar venu des rives lointaines du beau Danube bleu. Cela sonnait bien à mon oreille, m'évoquant à la fois la baraka mauresque et, d'autre part, le son de la voix des Tziganes nomades parcourant sur leurs chevaux la grande plaine autour du lac Balaton, en se saluant amicalement d'un simple, mais sincère et respectueux, geste de la main.

■ Connaissant antérieurement les lieux, puis après réservations d'usage faites, la première édition BARÁTSÁG s'est tenue fin novembre 1973 à Montreuil-sur-Mer, pittoresque ville côtière et fortifiée du Pas-de-Calais. Cinquante amis motards, dont quelques Britanniques et Belges, répondirent présents et se réunirent au sein de l'auberge de jeunesse locale sise dans les remparts de la citadelle de Vauban.
Hébergement collectif et repas pris en commun pendant le séjour, soirées animées et musicales au coin du feu avec consommation modérée d'alcool, et visite du patrimoine architectural étaient au programme.

Quant à la météo, elle annonçait les prémices de l'hiver avec des routes verglacées à souhait, un brouillard givrant persistant et quelques chutes de neige sporadiques. Rien que du bonheur pour des motocyclistes avertis, des puristes passionnés en quête d'amitié(s).

Bilan. À l'avenir, organiser de nouveau ce rassemblement de et d'une manière différente, de façon itinérante et nomade, sans date régulière ni saison fixe, pour qu'il ne soit pas identique d'année en année, préférant que ce soit lui qui aille vers les amis motards plutôt que l'inverse. Choisir des lieux de rassemblement aux " cinq " points cardinaux (N.S. E.O. et centre) de l'hexagone ou en alternance avec un pays européen. Par cette action, montrer que les motocyclistes savaient, à leur manière, aussi construire l'Europe, une Europe sans frontières, une Europe de l'amitié.

À mon grand regret, et pour des raisons qui me sont personnelles, il n'eut pas de seconde édition de BARÁTSÁG. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manquait. Mais voilà, la vie…

Ce qui ne m'a empêché de parcourir en solitaire les routes françaises et européennes, et de fréquenter de nouveaux lieux en rêveur éveillé et contemplatif, en perpétuel quêteur de paysages et de rencontres humaines heureuses.

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